Découverte littéraire : Le silence d'Isra, d'Etaf Rum
Bouleversant et impensable.
Ces deux mots me viennent à l’esprit lorsque je repense à ce livre qui raconte le destin de trois femmes :
C’est tout d’abord Isra, héroïne de cette histoire, qu’on entend. Née et élevée en Palestine, elle part vivre à 17 ans à Brooklyn avec son nouveau mari qu’elle connait à peine, américain d’origine palestinienne. On est en 1990 et Isra est confiante dans l’avenir, dans l’amour et dans ce nouveau pays plein d’espoirs. Mais elle réalise très vite que tout ceci n’a été qu’illusions. Réduite à entretenir son foyer et à enfanter, elle s’enferme petit à petit dans le silence.
Farida, belle-mère d’Isra et elle aussi Palestinienne immigrée aux Etats-Unis quand elle n’était encore qu’une adolescente, s’épuise jour après jour à perpétuer la tradition de son pays d’origine et à faire en sorte que ni elle, ni sa fille, ses belles-filles et ses petites filles ne deviennent américaines.
18 ans plus tard, Deya, fille ainée d’Isra et donc petite-fille de Farida, cherche à comprendre l’histoire de ses parents, à connaitre ses propres origines afin de trouver sa voie malgré un tiraillement entre les traditions familiales conservatrices et les nombreuses possibilités qui s’offrent à elle aux Etats-Unis, pays dans lequel elle est née mais qu’elle connait pourtant si mal.
Les femmes de cette histoire vivent aux Etats-Unis et sont pourtant prisonnières des traditions archaïques de leur pays d’origine, ici la Palestine. L’autrice raconte avec beaucoup de force comment ces familles d’immigrés réussissent à maintenir l’asservissement des femmes génération après génération, et malgré quelques brèches inévitables. La violence et l’humiliation sont de mise pour celles qui osent s’embarquer dans ces brèches.
Et pourtant, dans cet univers fermé à toute forme de liberté et de choix, il existe un moyen discret d’évasion et d’ouverture au monde : les livres.
Puissant et révoltant, ce roman est une ode aux femmes et à la littérature, et je vous le conseille vivement.
Bonne lecture 🌱
Hélène